GUILTY OF ROMANCE

 

pays de production : Japan
année de production : 2011
durée : 114
genre : thriller, romance
réalisateur : Sion Sono
scénario : Sion Sono
distribution : Miki Mizuno, Makoto Togashi, Megumi Kagurazaka

AVIS DU NIFFF

Entre le thriller au classicisme rigoureux, la série Z déjantée et le pink torride, Guilty of Romance emmène le spectateur béat dans un dédale de fantasmes, de cauchemars et d’obsessions dont seul le cinéaste culte de Suicide Club a le secret. Ce dernier volet de la « trilogie de la haine » entamée avec Love Exposure et Cold Fish est déstabilisant, décalé et excessivement jouissif.

MON HUMBLE AVIS

Pink (mal) déguisé en film d’auteur (et en faux polar horrifique), contrairement à ce que son titre laisse entendre, ce film propose beaucoup de culpabilité pour finalement bien peu de romance.

Frustration, puis libération sexuelle d’une épouse soumise, désirs incontrôlables d’une professeure d’université et pulsions dominatrices d’une femme flic: trois destins se croisent pour le meilleur, mais surtout pour le pire dans le Tokyo interlope.

Le message est de mettre en évidence la frustration, l’hypocrisie des normes sociales au Japon en matière de sexualité (et donc les déviances qui en découlent).
La position de la femme y est toujours la soumission, ses désirs sont bafoués, inassouvis, elle reste assujettie aux hommes pour qui elle n’est rien de plus qu’un objet de désir…
Son seul salut selon le réalisateur (visiblement aussi machiste et misogyne que ses personnages) est devenir une nymphomane ou une pute, à consommer, payer puis jeter (d’où cette idée de portions de cadavres mêlés à des mannequins en plastiques lors des crimes).

La réalisation est si classique qu’on se demande où est passé le punk qui sommeillait auparavant en Sono Sion (sûrement rangé au placard pour pouvoir faire le beau au festival de Cannes) ?...

Les cadrages placent les corps dans les décors urbains, ou font des gros plans sur les émotions humaines.

La photo est propre, sophistiquée, tout y est lisible, mais les choix restent trop classiques :
Des intérieurs de jour aux couleurs chaudes mais fades, et des extérieurs de nuit aux éclairages aux néons colorés, avec un jeu sur la profondeur de champ et sur le flou.

Le montage est lent, malgré des ellipses fréquentes pour mieux montrer la transformation psychologique de l’héroïne.

Les principaux décors sont des Love Hôtel dans le district qui leur est réservé au quartier de Shibuya à Tokyo, une maison de passes en ruines, et l’appartement BCBG où la femme au foyer supporte son « esclavage ».

Les costumes sont réalistes, la seule chose qui détonne est la tenue du maquereau qui ressemble plus à un magicien illusionniste, avec son manteau blanc et son chapeau melon, lançant des ballons de peinture fluo qui éclatent en autant d’éjaculations colorées !
On notera aussi les robes aguichantes des prostituées (et leurs perruques) nous prouvant que dans les Love hôtel le look est aussi important que le reste…

Les SFX proposent des corps démembrés remélangés donc avec des morceaux de mannequins, en effet saisissant que n’aurait pas renié le David Fincher de « Seven ».
On voit aussi quelques organes décomposés dans des sacs, et une autopsie de restes humains assez crade.

Le film est bien interprété, mais les personnages sont insipides, sans saveur, donc le public ne peut ressentir l’impact de leurs émois car le scénario ne fait pas en sorte que l’on puisse s’attacher à eux.
Il demeure néanmoins que les 2 actrices principales sont très jolies, et comme il y a beaucoup de nudité, ça reste beau à regarder, mais juste pour les hommes (car je doute beaucoup que les lesbiennes apprécient ce spectacle de la domination permanente du mâle japonais sur sa masochiste femelle).

La musique est bof bof… je m’explique : il s’agit d’un orchestre de chambre avec clavecin et violoncelle (trop présent et répétitif), plus des percussions industrielles étouffées dans les moments de pertes de pied de l’héroïne… ça fait peut être illusion devant des snobinards de cinémathèque, mais moi j’ai surtout trouvé ça très chiant !
Pour conclure, ce film est sombre et désespéré (encore un !), et finalement assez vain (si l’on exclue évidemment le plaisir coupable des scènes érotiques).