HAUNTER
Pays de production : Canada
Année de production : 2013
Durée : 97
Genre : horror,thriller
Réalisateur : Vincenzo Natali
Scénario : Matthew Brian King
Cast : Abigail Breslin, Stephen McHattie, David Hewlett
L’avis du NIFFF
Pour des raisons qu’elle ne s’explique pas, Lisa est coincée en 1986, à la veille de ses seize ans. Enfermée chez elle par un jour de brouillard épais, elle revit encore et toujours la même journée. Le plus étrange c’est qu’aucun membre de sa famille ne semble se rendre compte de cette répétition et, bien entendu, personne ne la prend au sérieux quand elle tente d’expliquer que chaque jour le repas cuisiné est inlassablement le même. Mais le récit bascule lorsque Lisa prend conscience d’une effroyable vérité…
Lettre d’amour aux histoires de fantôme et au voyage dans le temps, Haunter est un film où le surnaturel flirte avec l’horreur. Toujours dans la suggestion et les jeux d’ombres, Vincenzo Natali a fait le pari de réaliser un long métrage terrifiant sans hémoglobine ni effets spéciaux tape-à-l’œil. Une véritable réussite puisque le mystère qui plane sur cette maison hantée ainsi que l’atmosphère oppressante qui s’en dégage ne tarderont pas à vous donner des sueurs froides.
Le réalisateur :
L’histoire veut que Vincenzo Natali ait décidé de se lancer dans le cinéma après avoir vu Star Wars. Légende ou vérité ? Formé au storyboard dans un studio d’animation, le réalisateur canadien se fait remarquer en 1997 avec Cube, son premier long métrage qui est primé un peu partout dans le monde et qui est devenu culte. Il réalise Cypher en 2002 et Nothing l’année d’après, qui étayent l‘intéressante carrière de Natali. Après un documentaire sur Terry Gilliam, il signe le perturbant Splice en 2009. Il est déjà attendu sur plusieurs projets.
L’AVIS DU BIFFF
On a presque envie de chanter du Bécaud pour le coup : Natali, Natali !
Hé oui, les amis, Vincenzo - auteur de films cultes tels que Cube, Cypher ou encore Nothing (tous trois présentés au BIFFF) - est de retour avec une histoire de fantômes pas piquée des vers sous le bras.
Et cette fois, il revient à ses premières amours : un huis-clos tendu et malin avec Abigail Breslin (Zombieland, Signs) et le vénérable, sinon adoré, Stephen McHattie (Torment, Pontypool, Watchmen) !
Mon humble avis
Vincenzo Natali cherche toujours à innover, et travaille beaucoup l’image, ses projets sont donc durs à produire.
Il y parvient ici, en Ontario, c’est donc un retour à la case départ après les coproductions américaines de « Cypher », et de « Splice ».
Pour une fois, le réalisateur abandonne ses messages politico-paranoïaques sur la société, pour simplement jouer avec les codes du film de maison hantée.
Il mélange des idées déjà vues chez Peter Jackson (« Fantômes contre fantômes », & « Lovely Bones »), mais tournées différemment, pour nous surprendre.
La réalisation habile et précieuse de Natali rend hommage à son scénario inventif, malgré les problèmes de rythme, il est clair que la forme est beaucoup plus travaillée que dans la plupart des
produits du genre, actuellement du moins.
Les cadrages donnent de l’importance aux gros plans sur les visages, et à de très très gros plans (yeux, doigts, détails, etc…), ils jouent aussi avec les perspectives du décor.
La photographie use de clair-obscur subtils, d’une lumière douce de détourage, de tons dorés et chauds dans les 80’s,
blanc clinique dans les années 2000, pour faire plus moderne, et d’effets de post-production « grindhouse » pour les 50’s.
Chaque époque connue par la maison hantée a sa propre gamme chromatique, ce qui nous rappellent les pièces piégées du « Cube » (le premier film de Natali).
Le montage est assez lent, il y a parfois de beaux fondus enchaînés, lors de moments de troubles précédents les possessions.
Le film a globalement une certaine lenteur, propre à installer l’atmosphère requise, mais il est répétitif par son scénario, et surtout par la volonté de bien se faire comprendre (preuve d’un
manque de confiance envers le public).
Le décor unique de la maison hantée est formidable, avec ses passages secrets, sa cave, son grenier, son garage…
Il y a un gros effort de décoration pour le faire passer d’époques en époques (papier peint, mobilier, accessoires qui changent à chaque fois).
Idem, les costumes sont réalistes mais les changements d’époques donnent une variation sympathique des archétypes de l’adolescente rebelle, de la mère au foyer, ou du bon père aimant, des années
50 à nos jours.
Les effets spéciaux présentent de très subtils jeux d’apparitions / possessions, quelques esprits sous forme d’ectoplasmes
gazeux, à la fin, mais surtout un vieillissement accéléré de cadavres tombant en poussières, vraiment très réussi.
L’héroïne est mignonne, mais l’actrice qui l’interprète, Abigail Breslin (« Signes », « Bienvenue à Zombieland ») manque encore un peu d’expérience, malgré ses déjà 36 rôles, elle a encore un jeu
monotone, et un panel expressif faible, ou le surjeu est vite atteint.
Ce n’est pas le cas des actrices secondaires, qui sont bien meilleures.
Stephen McHattie (« Watchmen », « History of violence »), qui joue le bad guy, est impeccable, sobre mais très effrayant
(même occupant un autre corps, celui du canadien David Hewlett, du feuilleton « Stargate Atlantis », le personnage reste très bon).
La musique atmosphérique utilise des dissonances effrayantes, et des effets chocs un peu faciles, mais aussi une belle utilisation du classique « Pierre et le loup », du compositeur russe Sergueï
Prokofiev, revisité en thèmes d’épouvante, ou en lignes mélodiques étouffées, comme des voix d’outre-tombe.
Finalement, elle n’est pas si mal que ça cette bande originale !
Avec un film à twist, on prend forcément le risque qu’une partie de l’intérêt s’évanouisse lorsque le public le devine à l’avance.
En l’occurrence, sans rien spoiler, la simple boucle d’oreille de l’héroïne est un indice qui peut vous faire découvrir le
pot aux roses, au bout d’un quart d’heure, pour peu qu’on ait la culture pour décoder certains symboles…
Et alors, forcément, ça paraîtra un peu longuet, surtout si chaque révélation est expliquée plusieurs fois pour être sûr que le public suive, avant de résoudre quoi que ce soit…
Mais ne boudons pas notre plaisir, et conseillons ce beau film, bel hommage au genre, qu’il complète de son ambition, plutôt que d’en répéter des recettes.
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Critique de NIGHT ON THE GALACTIC RAILROAD