IRONCLAD

 

pays de production : UK
année de production : 2009
durée : 121
genre : action
réalisateur : Jonathan English
scénario : Jonathan English, Stephen McDool, Erick Kastel
distribution : James Purefoy, Paul Giamatti, Brian Cox

AVIS DU NIFFF

Bourré d’action, Ironclad est un véritable must épique et sanglant. Jonathan English signe la plus grosse production indépendante du Pays de Galles, historiquement détaillé et réaliste. Brutal mais captivant!

MON HUMBLE AVIS

Jonathan English, le réalisateur, porte bien son nom, sa passion pour l’histoire anglaise transpire de chaque frame de son film.
On peut faire un parallèle entre « Ironclad » et les « 7 Samouraïs » (ou les « 7 Mercenaires » et toutes les imitations qui ont suivies depuis) puisqu’il en est une transposition médiévale, en reprenant la construction, les mêmes péripéties et la même fin.

Au 13ème siècle, une troupe aguerrie de templiers décide de défendre au péril de leurs vies le Château de Rochester contre le tyrannique Roi Jean. Un long siège s’annonce pour Marshall et ses frères…

Le seul message de ce film d’aventures concerne le rôle du chevalier :
Doit-il suivre son roi envers et contre tout ? Non.
Doit-il suivre sa foi envers et contre tout ? Non plus.
Doit-il se battre pour l’avenir de son pays et la défense de son peuple ? Oui !
Selon le héros, il n’y a pas de noblesse à tuer (ce qui est renforcé par le gore repoussant du film), mais il est par contre noble de passer sa vie à se battre pour les autres.

Le réalisateur recherche la vérité historique avant tout, mais le réalisme guerrier, certes « jusqu’auboutiste », est atténué par les sentiments romantiques de contes de fées des protagonistes (loyauté exacerbée, amour courtois impossible, foi immaculée, etc…).

Les cadres sont faits en caméra portée ce qui nuit à la lisibilité des chorégraphies martiales, de plus de bons acteurs ne sont pas forcément de bons combattants (James Purefoy mis à part car c’est un excellent escrimeur).
Cette caméra tremblotante, de mise dés qu’il s’agit de montrer la guerre désormais, parait surtout un effet de mode (pour intensifier l’action) et un « cache misère », de plus elle est thématiquement anachronique (qui ferait un reportage de guerre à cette époque ?).
On trouve beaucoup de plans larges sur les paysages, l’architecture du château, ou les mouvements de troupe.

La photographie use évidemment d’un étalonnage à la « Soldat Ryan », c’est dommage car une fois de plus ce n’est pas original (CF « Black Death » dernier film médiéval aux images équivalentes)… maintenant tous les films de guerre sont shootés comme ça, quelque soit l’époque représentée.
C’est donc hyper contrasté, et achrome, à part les couleurs des cuirs, bois, terres et pierres (des bruns quoi !)…
De nuit, on a droit à des éclairages miroitants de bougies et de torches du plus bel effet.

Le montage est impeccable, il y a les variations de rythme nécessaires entre les scènes d’exposition des enjeux, et les longues scènes d’action barbares… il reste un peu de « remplissage » quand même entre les assauts, mais bon la perfection n’est pas de ce monde !

En décors, en dehors des landes et forêts, il y a surtout le magnifique (de simplicité) château de Rochester dans le Kent, et quelques villages de campagne.
On notera quelques plans visuellement superbes utilisant l’aube brumeuse sur la lande, avec les troupes du roi traversant le brouillard, woaw dans des moments comme ça on ne peut qu’aimer le cinéma !

Les costumes sont là pour mettre le geek de fantasy à la fête, imaginez un peu : des vikings (se maquillant bizarrement en Pictes ou en celtes, mais tant pis), des templiers et autres chevaliers avec toutes les armes médiévales imaginables, un roi avec des couleurs rouge et or salies par la boue, et une robe au corset de velours noir pour la belle et jeune baronne, que du bon.

Les SFX sont gore à souhait, à la « Braveheart » mais en pire, têtes tranchées, membres coupées, coups d’épées sanglants, et même un type coupé en 2 dans le sens de la longueur… un vrai festival sanglant.
On voit aussi une image totalement inédite (à ma connaissance) : l’écroulement d’un donjon (après sape à la graisse de porc enflammée) mélangeant des effets de miniature avec une intégration numérique, c’est très réussi et impressionnant.

James Purefoy est idéal dans un rôle très proche de ce qu’il avait fait pour « Salomon Kane ».
Bryan Cox fait un noble très crédible avec son leadership naturel, Paul Giamatti se donne à fond, et son monologue où il pète les plombs est proprement sidérant.

Il y a beaucoup de rôles secondaires très bien interprétés, par des acteurs assez connus de surcroît, comme Jason Flemming par exemple, mais le meilleur reste le chef viking, à la présence physique trop excellente.

La musique symphonique fait dans le médiéval épique, avec beaucoup de violes et de chœurs de voix graves.

Au final, « Ironclad » est un bon divertissement pour les amateurs, à la fois de médiéval et de gore.
Mais son histoire reste « cousue de fil blanc », et sa fin un peu « guimauve » par rapport à la dureté de son contenu.