PRINCE YAROSLAV
pays de production : Russian Federation
année de production : 2010
durée : 99
genre : fantasy, romance
réalisateur : Dmitry Korobkin
scénario : Koshkina Marina
distribution : Alexander Ivashkevich, Aleksei Kravchenko, Svetlana Chuikina…
AVIS DU NIFFF
Une fresque épique à l’héroïsme flamboyant.
MON HUMBLE AVIS
Au 11ème siècle, les guerres tribales déchirent la Russie. Le vaillant Prince Yaroslav décide de mettre fin à la barbarie et d’unir les peuples sous son
règne.
La Rus' fut dirigée par une dynastie d'origine scandinave : les Riourikides, rapidement slavisés.
Les règnes de Vladimir le Grand (980-1015) et de son fils Iaroslav le Sage (1019-1054) constituèrent l'âge d'or de la Rus', qui s'était convertie à l'orthodoxie et
dont la difficulté d'instaurer un ordre successoral cohérent évitant de transformer tout changement de règne en guerre civile apparaît incontestablement comme l'un des traits dominants de cette
phase de l'Histoire russe.
La région de Kiev fut le centre de l'État de la Rus' de Kiev durant deux siècles.
Il s'agissait d'une fédération féodale où le "bolchoï kniaz" ou "Grand Prince" contrôlait directement Kiev et les terres autour de la ville, tandis que sa parentèle
et ses vassaux, placés dans les autres grandes villes de la Rus', lui payant tribut.
L'apogée du pouvoir de l'État se situe pendant le règne de Vladimir le Grand (980-1015) et de Iaroslav le Sage (1019-1054). Les deux dirigeants poursuivirent
l'expansion de la Rus', qui avait commencé sous Oleg.
Le règne du nouveau prince fait entrer la Rus' dans une phase de rassemblement autour du principe dynastique.
Dans le film, on nous montre le jeune Yaroslav, prince de Novgorod, pour qu’il annexe les tribus slovènes voisines, en proie au chaos à cause de hordes de brigands.
Pour cela, il a avec lui des mercenaires Varègues (nom donné aux Vikings par les russes de l’Est).
Alexander Ivashkevich, l’acteur principal interprétant donc le prince Yaroslav, était présent lors de la projection de ce film au NIFFF 2011, et il nous a expliqué
sur scène qu’il était prêt à être acteur dés l’âge de 6 ans, tellement cela lui tenait à cœur.
Or il reconnaît qu’avec ce film, il a enfin pu réaliser tout ce qu’il rêvait de faire au cinéma lorsqu’il était enfant (monter à cheval, combattre à l’épée,
affronter un ours, être un vrai prince de conte de fée, loyal, noble et fort…) !
Le métrage veut défendre des valeurs patriotiques et pacifiques, nationaliste certes car il traite de la fondation de la
Russie autour de Kiev, mais avec un héros étonnamment diplomatique, le scénario prônant l’unité et l’amour contre la division et la barbarie.
Il traite aussi de religion en racontant l’abandon des rites païens (les dieux Vélès pour les russes, et Odin pour les vikings) au profit de la chrétienté orthodoxe.
Je ne vous ferais pas l’affront de vous parler d’Odin que la plupart connaisse sûrement déjà, mais je peux apporter quelques précisions sur Vélès, car les mythologies slaves sont moins connues
:
Fils de Rod, frère de Khors, époux d'Azovouchka (fille de Svarog et de Mère Sva), Vélès est le dieu du bétail et de la richesse, protecteur des marchands, des chasseurs et des agriculteurs.
Avec son épouse, il habite sur l'île magique Bouïan.
On l'imaginait au début comme un ours, ensuite comme un vieillard barbu et poilu.
C'est Vélès qui a appris aux gens à ne pas tuer les animaux mais à les apprivoiser et à les utiliser.
Vélès est un des dieux les plus anciens du panthéon slave.
La réalisation du film est classique et fait dans l’académisme le plus rigoureux, mais elle s’autorise quelques rares élans plus modernes quand il le faut (comme ces zooms numériques pour
amplifier les coups d’épée lors des duels).
Les cadrages sont variés, des gros plans sur les visages, des plans « américains » pour les dialogues, et des plans larges pour les batailles et les décors naturels.
Tout est filmé sur pied, pas de « shakycam » ici mais toujours de beaux cadres bien réfléchis pour servir l’émotion.
La photographie est somptueuse, offrant une ambiance aux lumières dorées, privilégiant les couleurs orange et jaune d’or, ou alors au contraire renforçant les verts en forêt par un étalonnage
numérique.
Il y a beaucoup de soleils couchants, ou de lumières miroitantes de feux et de torches.
Le montage est efficace dans l’action comme dans les dialogues, il n’y a pas de temps morts durant toute la longueur du film.
Les décors naturels ont parfois des rajouts en synthèses, il s’agit surtout de bois, de villages, de la reconstitution de Kiev au 11ième siècle, ainsi que d’un site religieux dédié à Vélès (des
poteaux sculptés dressés en cercle au sommet d’une falaise qui donne lieu à une bonne bataille dans les flammes).
Les costumes sont très détaillés, avec des accessoires précis, les armes sont ciselées, les casques et boucliers
magnifiques de réalisme, c’est un vrai bonheur pour le geek de fantasy !
Il y a peu de gore, on est vraiment loin des débordements sanglants de « Braveheart », et le seul véritable effet spécial est le pré-générique en animation qui place le contexte historique, car,
dans le film, même l’ours est réel !
En dehors de cet ours, il y a une bonne distribution humaine aussi, Alexander Ivashkevich en tête donc, impeccable, touchant en diplomate naïf et courageux dans ce monde de brutes.
Beaucoup de seconds rôles sont tout aussi bons, la princesse dure à cuire, le vieux sage rigolard, le viking ambiguë, ou le roi dément (incarné par Viktor Verzhbitskiy l’acteur qui faisait le bad
guy dans « Nightwatch », « Daywatch », ou « L’éclair noir » de Timur Bekmambetov), tous apportent de la profondeur et de l’intensité à l’histoire.
La musique épique a des accents traditionnels russes, mais cependant elle ne crée pas de thème assez marqué.
En conclusion, « Prince Yaroslav » est un excellent film d’aventures médiévales, original finalement par son aspect insistant sur la sagesse du héros au lieu de sa bravoure.
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