THE MOLE SONG : Undercover Agent Reiji

 

Pays de production : Japan
Année de production : 2013
Durée : 130
Genre : comedy, action
Réalisateur : Takashi Miike
Scénario : Kankurô Kudô
Cast : Takashi Okamura, Shinichi Tsutsumi, Toma Ikuta


Synopsis :

Peu après avoir obtenu son diplôme de l'académie de police avec le plus mauvais résultat possible, Reiji se fait soudainement virer. Motif ? Problèmes de discipline. Il découvre rapidement que tout ceci fait partie d'une mascarade visant à l’infiltrer comme taupe dans l'un des gangs de yakuzas le plus extrême : les Sukiyakai. Devant faire preuve de son intégrité auprès des mafieux tout en gardant en tête son sens de la justice, Reiji gagne peu à peu la confiance de sa cible finale : Boss Todoroki.

L’Avis du NIFFF :

Jouissant d'une seconde jeunesse, l'hyper-productif Takashi Miike reprend l'énergie du manga d'origine pour en livrer une adaptation exubérante et clinquante. Avec sa mise en scène toujours inventive, le Japonais magnifie l'extravagance de son récit et de ses personnages : vestes aux motifs papillons, complets léopards, fausses dents en diamants, coiffures impossibles... Les yakuzas de Miike n'ont peur de rien. Dans un festival de couleurs et de situations cartoonesques, le cinéaste livre sa dernière folie.
Est-il encore besoin de présenter Takashi Miike ? Né en 1960, ce réalisateur à la filmographie foisonnante a gagné en 2000 une reconnaissance internationale avec Audition. Sa filmographie mélange les genres et les époques pour le plus grand bonheur de ses fans. Les habitués du NIFFF le connaissent bien: Ichi the Killer (2001), Gozu (2003), Zebraman (2004), The Great Yokai War (2005), Ninja Kids !!! (2011), Ace Attorney (2012) et Shield of Straw (2013) ont été projetés à Neuchâtel.

Mon humble avis :

Au début des années 2000, le V-cinéma nippon (production trash directement pour la vidéo) a disparu, et Takeshi Miike, après « Audition » en 2004, a profité de son aura internationale (gagnée avec ses films déjantés en festivals) pour se recycler auprès des grosses sociétés de productions, et réaliser des métrages plus sages, aux budgets plus confortables, passant de 14 films par an à juste 2 ou 3 !
Mais après 10 ans de bons et loyaux services, Miike ne tient plus, et ce film est bien un retour aux sources du délire le plus libre (le gore en moins tout de même).

Il n’y a absolument aucun message cohérent dans ce scénario foutraque, adapté d’un manga trash à succès, racolant ses lecteurs avec sexe et violence, jouant de l’idée du flic infiltré pour mieux se vautrer dans la fascination du milieu des yakuzas.

La réalisation exubérante de Miike est bien délirante, énergique et décalée, c’est clair qu’il est l’homme de la situation !
Utilisant parfois des animations en découpages photos, des split-screens, ou un montage alterné entre une scène de sexe et une conversation, il ose tous les débordements possibles, pour produire des effets cartoonesques, on se sent vraiment dans un manga, dont il restitue à merveille les ruptures de tons, et les dialogues abracadabrantesques.

Les cadrages usent d’une bonne variété de valeurs de plan, préférant souvent les gros plans sur les expressions outrées de ses comédiens.

La photographie est classique mais pro, utilisant des éclairages néons et fluos, avec parfois une dominante des couleurs dorées (que l’on retrouve aussi dans les décors et les costumes).

Le montage est dynamique, mais sans plus, il y a quand même quelques longueurs (des dialogues, ou des échanges de coups qui n’en finissent pas), comme souvent chez Miike.

Les décors sont assez nombreux et richement décorés, donnant à voir sous toutes les coutures un quartier nippon mal famé, bars à hôtesses, boites de nuit, QG yakuza, commissariat de police, etc…

Les costumes sont totalement barrés, entre le héros affublé d’un look de léopard, avec une coupe punk impossible, le second rôle vêtu qu’avec des imprimés de papillons, l’homme de main tatoué sur le visage comme un tigre, ou le vilain aux dents en diamants, tous les personnages principaux sortent du lot par leur apparence délirante.

Les effets spéciaux sont numériques (doublures infographiques pour accident de voiture exagéré, tirs, etc…), il n’y a qu’un maquillage traditionnel de nez tordu à 90°, et pratiquement pas de gore, ou même de simple giclure de sang (on est très loin des débordements d’un « Ichi the killer » par exemple, qui repeignait les murs !).
Malgré son thème politiquement incorrect (et encore, justice sera rendue), et son traitement outrancier, le spectacle reste vraiment « tout public » (même la scène de sexe est chaste), on sent toujours le poids des majors nippones à la production.

Le casting est impeccable, tout le monde est parfaitement caricatural, entre des méchants yakuzas inflexibles, des policiers loosers aux méthodes pour le moins WTF, et des héros barrés, il y a de quoi faire pour le surjeu et la gaudriole !

La musique est tout aussi excessive, avec beaucoup de cuivres, mélangeant rock et moments épiques de type western, sans toutefois développer de thème ou de mélodie mémorable.

En conclusion, on peut tout de même apprécier ce film mineur de Miike avec un plaisir coupable, son anti-héros obsédé sexuel puceau étant assez attachant pour suivre son histoire délirante, mais on regrettera toujours que le système actuel de production nippone ne puisse totalement lâcher la bride à ce réalisateur foldingue.