THE RAID 2 : Berandal
Pays de production : Indonesia
Année de production : 2014
Durée : 150
Genre : action, martial arts
Réalisateur : Gareth Evans
Scénario : Gareth Evans
Cast : Iko Uwais, Julie Estelle, Yayan Ruhian
L’Avis du NIFFF :
Mon humble avis :
Pour le NIFFF 2014, le réalisateur Gareth Evans, trop pris par ses projets pour être présent, a enregistré un petit message à l’intention du public, pour lancer la
projection du film, nous invitant à apprécier ce spectacle de fanboy ultime du film d’action.
Il a ici expérimenté davantage de terrains de l’action que dans le précédent opus (déjà une bonne claque visuelle, mais uniquement pour les amateurs de films de
tatanes), avec des courses poursuites, et des bastons plus variées, lorgnant autant sur le cinéma hongkongais, que coréen ou japonais.
Le message est sur la corruption du système en Indonésie, et la toute puissance des mafias (y compris japonaise, dominant visiblement la locale), on suit donc un
flic undercover, mais sans la fascination pour les truands (comme par exemple dans le film comique « The mole song » de Takeshi Miike, projeté au même festival).
La réalisation fut difficile, vu la pauvreté du système de production indonésien, ce qui renforce l’admiration pour le résultat final, tellement pro, encore plus
immersif qu’un video-game !
Les cadrages usent de plans séquences pour les bastons, peu découpées pour montrer de vraies performances, avec le
moins de « chiqué » possible.
Dans les scènes calmes (il y en a beaucoup, car le film est très long, avec une exposition assez bavarde), c’est sur pieds, ou avec des travellings lents sur
rails.
Dans les fights, on trouve aussi des hyper gros plans, sur des détails, ou des ralentis sur des poses, et tout est filmé à l’épaule, mais sans « shaky-cam
».
J’ai noté un plan impossible assez hallucinant, où la caméra passe de l’intérieur d’une voiture à une autre, au cours d’une poursuite !
La photographie est assez grise, pâle, avec des contrastes faibles, et des tons bruns.
Elle passe au rouge et noir, avec contrastes forts, chez le bad guy ultime.
Le montage est étonnement lent, surtout pour les dialogues, il est certes un peu plus cut au combat, mais à peine, malgré l’énergie de
l’action.
Les décors montrent une belle progression de niveau de production, entre le huis clôt de « The raid » et la diversité
présente ici, on passe de la ville à la campagne, et même sur la côte, d’une prison cradingue aux appartements classes des mafieux, d’un hangar où sont tournés des pornos extrêmes, à des boites à
putes…
C’est varié, mais ça reste quand même dans le même thème décrépi que le HLM du premier film.
Des combats à mains nues (ou armés de battes, marteaux, lames, et autres) sont chorégraphiés dans des lieux inhabituels, comme les chiottes de la prison (à 50 !), une ruelle enneigée, un train,
une cuisine de restaurant, et surtout le plus original : coincés à l’intérieur d’une voiture, en pleine poursuite et fusillade !!!
On voit aussi tout un quartier en ruines, recouvert par la végétation reprenant ses droits, qui est assez impressionnant.
Les costumes crades sont réalistes, rien à signaler, à part le look insolite du tueur à gages clodo.
Les effets spéciaux sont impressionnants (surtout pour l’Indonésie n’ayant même pas un studio d’écran vert), ils font dans
le gore dur, autant numérique qu’en maquillage.
On a droit à de nombreux égorgements, les lames et le sang étant des rajouts en synthèse.
Il y a aussi une « belle » brûlure de visage assez extrême, un combat aux marteaux vraiment sanglant, avec arrachements de glotte et défonçages de crânes, et une épaule (puis la tête qui va avec)
littéralement explosées au fusil à pompe.
C’est franchement ce que j’ai vu de plus gore au cours du NIFFF 2014 !
Le casting est surtout composé d’artistes martiaux, à part les chefs de gangs, dont la présence physique assure tout le
spectacle.
D’ailleurs la force de réalisation est de tirer le meilleur parti d’acteurs limités dans leur jeu, en leur créant malgré tout des personnages assez profonds, voire émouvants, à partir seulement
d’éléments visuels, et de mise en scène.
Le héros reste étonnant, avec ses performances martiales hallucinantes, malgré sa tête gentille de petit garçon.
Le second rôle est pratiquement un sosie de Brandon Lee.
Je donnerai une mention spéciale au petit vieux qui joue le producteur de porno illégal, n’hésitant pas à donner de sa personne, se balançant à travers des vitres, avec une énergie étonnante pour
son âge avancé !
La musique est assez pro, comme tous les bruitages (malgré encore une fois l’absence de studio insonorisé en Indonésie),
on y entend de la techno bourrine et agressive, montant en puissance au cours des affrontements.
Notons l’emploi singulier de l’air de la sarabande de haendel, rendu déjà célèbre pour les cinéphiles par son utilisation dans « Barry Lindon » de Stanley Kubrick, quand même, ce qui est plutôt
osé dans ce registre.
En conclusion, « ce film déchire sa race », c’est encore un film mètre étalon du genre, culte d’office, et on ne peut qu’attendre « The raid 3 » avec impatience maintenant, où le réalisateur a
promis d’expérimenter toutes sortes d‘autres armes, mais il est malheureusement parti entre-temps pour Hollywood, pour quelques projets…
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