L’Attaque des Wendigos :

 

Une fois en bas de la colline, Gmurk cherche à repérer des traces et à pister les Wendigos. Mais, au milieu des cailloux et des herbes sèches, peu éclairé par un croissant de lune, il ne trouve rien.

Aussi, chevauchant l’étalon aussi silencieusement que possible, il s’approche d’Hobb’s End jusqu’à n’en être plus qu’à quelques centaines de mètres. Là, après avoir attaché l’animal à l’abri d’un bosquet, il commence à ramper dans les fourrés et les hautes herbes, à la commando, bondissant de taillis en taillis, profitant de chaque cache offerte par la maigre végétation entourant le village.

Arrivé à une cinquantaine de mètres de l’arrière du saloon, aux aguets, Gmurk se sent soudain repéré, distinguant deux formes félines et poilues se diriger en rampant dans sa direction. Aussitôt, il crée une multitude de Gmurk illusoires, lesquels commencent immédiatement à faire tout et n’importe quoi comme d’habitude.

Les deux monstres, dont la tête n’est qu’une double rangée de crocs acérés, pointus, aiguisés comme des lames de rasoir, sont loin d’être effrayés devant la brusque prolifération de ces apparitions gmurkiennes. L’un des monstres se jette gueule grande ouverte sur un Gmurk fictif, tandis que l’autre bondit d’un saut pour se précipiter sur notre bourrin, tout en portant de droite et de gauche des coups de pattes griffues aux illusions se dressant sur son chemin.

Saisissant sa Snakechester, Gmurk tente de l’abattre pendant sa course d’un double-coup de shotgun, mais ne parvenant pas à ajuster son premier tir qui se perd dans la nuit sans toucher la créature, il décide d’attendre le dernier moment pour tirer sa deuxième salve, au fusil-à-buffles, histoire de lui tirer dessus à bout portant ! Et au moment où le monstre saute sur lui, il appuie sur la détente, explosant la gueule atroce qui s’apprêtait à le happer. Il recharge immédiatement son arme, réservant bientôt le même sort à la seconde créature, qui s’était rapidement désintéressée des autres Gmurk immatériels pour l’attaquer à son tour.

Puis, arrachant la mâchoire intérieure sanguinolentes d’un des deux monstres pour s’en faire un couvre-chef (!), Gmurk gagne en courant le saloon, les coups de feu n’ayant pu manquer d’attirer l’attention. Il escalade prestement le bâtiment sans se faire repérer et, une fois sur le toit, évalue la situation.

Les Wendigos sont partout, grouillant dans les rues du village par groupe de deux ou trois, frappant les portes et les fenêtres des maisons pour effrayer les villageois calfeutrés, poussant grognements, mugissements et hurlements de bêtes féroces. La horde bestiale semble constituée de trois groupes de monstres : les créatures à la mâchoire béante acérée, dont il a déjà pu dégommer deux spécimens et qui semblent n’être que des animaux sauvages, des hommes-loups type lycanthropes, et des chauves-souris humanoïdes aux ailes atrophiées ne leur permettant visiblement pas de voler mais peut-être de sauter plus haut ...

Un peu plus loin, autour de la fontaine, Gmurk distingue trois créatures plus monstrueuses encore, aux muscles saillants, aux corps difformes et imposants, couverts d’excroissances cartilagineuses, de poils rongés de vermine et de formes obscènes, comme en train d’incanter et de psalmodier quelque rituel païen abject.

Malgré la distance et le tumulte, Gmurk parvient d’ailleurs à entendre, remontant du puits, les hurlements de douleur des deux victimes (une homme et une femme, comme lui a précisé le shaman anouk), choisies pour les remplacer lui et ses compagnons, en train de se faire lentement torturer par une, ou plusieurs, autres créatures.

L’attention des Wendigos dans les rues est rapidement accaparée par l’apparition des Gmurk, rampant, bondissant, volant, dansouillant, grimaçant, faisant mine de tirer ou de se battre, etc ...

Gmurk en profite. Il hésite un instant à tirer à l’arbalète explosive, mais, ne sachant pas l’état des sacrifiés et espérant les sauver si cela est encore possible, il prend appui contre la cheminée, s’empare de sa mitrailleuse-laser, ajuste son tir, vise ... et tire en rafale sur le groupe de la fontaine. L’un des monstres est touché de plein fouet et tombe inconscient en avant, basculant connement dans le puits, tandis que les deux autres, touchés également, s’empressent de se dissimuler derrière la fontaine, hors de vue. Des rafales de laser en pleine nuit, ça se remarque ; aussi, avant que sa position ne soit prise d’assaut, Gmurk décide de sauter sur le toit de la bâtisse la plus proche pour se rapprocher de la fontaine et avoir ainsi un meilleur angle de tir. Mais l’espace entre les deux bâtiments est bien trop grand, même pour lui (imaginez la largeur d’une rue d’un village de far-west) ; il se concentre donc et ne tarde pas à s’élever en l’air en lévitant, tout en se propulsant directement au-dessus de la fontaine.

Il est aussitôt imité par plusieurs autres Gmurk, qui se mettent à voler, à monter vers le ciel et à tournoyer dans les airs aux quatre coins de la ville.

De sa position dominante, les monstres en-dessous font des cibles faciles. De son arme laser, Gmurk mitraille sans discontinu les deux Wendigos survivants, qu’il présume être les chefs de la horde, lesquels cherchent en vain à se mettre à couvert ... jusqu’à ce que leurs corps lacérés s’écroulent sans vie dans la fontaine, teignant l’eau de leur sang noirâtre, épais et écœurant.

Mais tandis que deux félins aux crocs acérés et trois chauves-souris convergent vers lui, le repérant facilement au milieu du chaos puisqu’il est le seul à tirer, Gmurk aperçoit en train d’escalader les parois du puits, prêt à en émerger, un être encore plus terrifiant encore, ignoble mélange des trois autres. Se positionnant alors à la verticale du conduit, Gmurk mitraille à nouveau, atteignant parfaitement l’hideuse apparition qui retombe alors dans un gargouillis dans les ténèbres, provoquant un nouveau hurlement de souffrance des victimes, à moitié écrasées par la chute du corps au fond du puits.

Les félins en ont profité pour se dissimuler sous les constructions de la fontaine, tandis que les trois chauves-souris, prenant leur élan en battant des ailes, bondissent sur le guerrier en train de léviter. Gmurk attrape son arbalète et tire un carreau explosif sur la plus proche, en visant la tête. Malheureusement, celui-ci ne fait que l’effleurer, lui zébrant la moitié du visage d’une vilaine cicatrice mais explosant dans les airs loin derrière.

Pour esquiver leur attaque, Gmurk n’a alors d’autre choix que de se laisse tomber tout droit dans le puits. Un monstre lui plante violemment ses crocs dans l’épaule au passage, mais sans le ralentir, et il atterrit au fonds.

Les parois du puis, en bas, sont couvertes de bouts de chair sanguinolents. Et là, au milieu des corps entremêlés, il aperçoit les corps griffés, torturés et gémissants de Steevy et Joana Loft ! Le monstre avait commencé à les dépecer vivants, mais leur torture devant (mal)heureusement durer toute la nuit, seule la peau à l’extrémité de leur membres a été arrachée. Gmurk est soulagé. Les deux jeunes gens sont bien mal en point, mais vivants !

Furieux par cette barbarie, le guerrier se saisit de sa hache et à coup redoublés, il cisaille le cou de la créature informe devant être le chef de la horde, séparant la tête monstrueuse du corps. Le sang noirâtre gicle à grands jets, aspergeant Gmurk et les corps enchevêtrés.

Couvert de sang, il commence à remonter alors le long du conduit, toujours en lévitant, en tenant la tête monstrueuse dans une main.

A mi-hauteur, la tête balafrée puis le corps d’une chauve-souris démesurée apparaissent soudain en haut du puits. Et s’aidant de ses griffes, tête en bas, le monstre s’engage à son tour dans le conduit, commençant à descendre vers Gmurk tout en crachant et en dévoilant des rangées de dents acérées.

Gmurk se laisse redescendre, reprend sa mitrailleuse et, tout en se collant contre la paroi, lâche une rafale laser vers le haut. Criblé de tirs, le corps immonde s’écrase à son tour, venant s’empiler sur les cadavres et arrachant un nouveau gémissement à Steevy et Joana. Ne voyant aucun autre monstre se profiler au-dessus du puits, Gmurk redécolle rapidement et jaillit hors du puits tel un obus.

Tout en lévitant à une quinzaine de mètres, il brandit alors la tête inhumaine devant lui, la montrant à la horde de monstres enragés se pressant sur la place. A cette vision, les Wendigos comprennent que leur leader est mort, et ils commencent alors à reculer, en poussant des gémissements et des hurlements plaintifs.

Gmurk essaie d’imiter leurs cris, en poussant lui-même des glapissements débiles, et essaie de leur parler tout en agitant vers eux la tête sanguinolente.

Les monstres ne perçoivent pas du tout les cris et les gestes du guerrier volant comme une tentative de communication, mais plutôt comme un défi et une provocation, et ils préfèrent déguerpir, désertant rapidement les rues d’Hobb’s End.