Les Aventurières de la Cité Perdue :
A plusieurs dizaines de kilomètres au Nord, Corina et Félicia se sont mises au travail.
Corina a laissé la radio à Félicia. En cas de problème, l’archéologue pourra ainsi la contacter sur le communicateur de la navette pour l’appeler à la rescousse. En tout cas, si elles arrivent à établir une liaison radio. Ce dont elles se révèlent incapables pour le moment !
Du coup, Félicia s’éloigne quand même et part fouiller les ruines. Corina, elle, commence à bricoler et à démonter la navette : propulseurs, plots anti-grav, …
La cité abandonnée fait penser à Félicia soit à une vaste prison, soit à un camp militaire.
Pendant une bonne heure, elle explore les environs, récupérant de nombreux morceaux de faïence. Pas de la vaisselle, mais plutôt des morceaux de pots ou de grosses amphores.
Il n’y a aucune décoration sur les murs. Ni même nulle part, à l’exception des visages gravés sur les colonnes (des miradors de pierre ?) et observant les quatre coins de l’horizon.
Le regard tourné dans leur direction, Félicia se demande brièvement s’ils n’auraient pas d’autres fonctions, comme de cacher des instruments de détection ou des appareils de surveillance ?
Félicia est en train de s’interroger sur ces piliers (l’un d’eux ne serait-il pas en train de la regarder ?) quand, brusquement, alors qu’elle ressort d’un bâtiment, elle repère à une trentaine de mètres une silhouette, plutôt frêle, féminine, drapée dans une bure de nonne. Son visage reste dans l’ombre. Un symbole religieux orne son habit.
La silhouette fait un lent mouvement de la main, comme pour l’inviter à la rejoindre. Félicia décide d’obéir et se dirige vers elle, tout en cherchant à contacter Corina. Elle réussit finalement à trouver la bonne onde radio et bippe la méga, occupée pendant ce temps à bricoler des ceintures anti-grav devant leur permettre de survoler la bande de Terre Noire entourant la ville. Cette Terre Noire d’origine tygg dont le contact est mortel !
Corina a réussi à débrancher les connections électroniques et à dégager deux plots anti-grav, ainsi que deux piles d’énergie, qu’elle tente à présent, après les avoir branchées ensemble, d’attacher à des courroies pour en faire des ceintures.
Elle ressent un léger sentiment d’oppression mais, accaparée par son bricolage, n’y prête pas grande attention. Son intérêt se tourne plutôt vers l’oxydation extrêmement rapide des pièces métalliques et électroniques de la navette ! … Beaucoup trop rapide pour être naturel.
Soudain, la radio de la navette crépite. Corina parvient finalement à répondre, et Félicia lui explique alors sa situation et la présence de la religieuse devant elle !
Alarmée, Corina la met en garde :
« Ne bougez surtout pas, je vous rejoins tout de suite ! Où êtes-vous ? J’arrive ! »
Sans attendre la réponse, Corina coupe la communication. Elle déchire rapidement les protections plastiques du siège de la capsule et en fait un sac de fortune destiné à protéger les pièces de métal démontées. Elle l’attache en bandoulière et part en courant dans les ruines pour rejoindre l’archéologue.
Son sac la gêne un peu dans sa course, et elle perd du temps !
Voyant Félicia s’approcher d’elle, la nonne en fait subitement autant et s’avance également vers l’archéologue. Très lentement. Comme si elle flottait à quelques millimètres du sol. Félicia ne distingue aucun mouvement de jambes !
L’apparition enlève alors sa capuche, révélant à Félicia son visage.
Un visage humain. Celui d’une jeune femme de type hispanique, maigre, à l’air triste, fatigué et maladif. Celle-ci semble entre deux âges. Des larmes de sang noirâtre coulent à la commissure de ses yeux. Félicia n’a pas peur du tout.
La nonne lève la main, comme pour toucher le front de Félicia.
« Qui êtes vous ? Que faites-vous ? » demande l’archéologue.
Sans répondre, l’apparition pose sa main, très froide, sur le front de l’archéologue qui la laisse faire. Quelques secondes passent. Félicia lui retire la main et réitère ses questions.
La nonne ouvre la bouche, tout aussi noire que le sang s’écoulant de ses yeux, comme pour parler. Mais seul un râle sort de sa gorge. Eut-elle connu Gmurk que Félicia aurait pu peut-être croire y entendre son nom, mais l’archéologue ne capte rien à ce curieux langage. On aurait dit comme un nom propre suivi d’un verbe … (« Gmurk revient » en miiwanien !?!)
En arrivant en courant sur les lieux, Corina la voit toute seule au milieu de la rue, en train de parler dans le vide. Elle s’approche pour secouer Félicia. Celle-ci se retourne brièvement vers Corina et, le temps qu’elle détourne le regard un bref instant, l’apparition disparaît à ses yeux.
Cette fois, Félicia reste perplexe. Et son équilibre mental vacille.
Elle raconte sa vision et ce qu’elle a découvert à Corina. Elle dessine sur le sol le symbole religieux ornant la bure de la nonne. Mais c’est à Loki qu’elle devrait poser ce genre de question, car Corina ne reconnaît absolument pas ce signe.
Plutôt que de tergiverser, ou d’explorer la ville de façon désordonnée, elles décident plutôt d’aller explorer un bâtiment qui sortirait de l’ordinaire. Un bâtiment différent des autres.
Parcourant la ville désertique du regard, elles ne voient décidément que les espèces de tour de pierre ornées tout en haut par les quatre visages qui sortent du lot.
Aucune porte en bas. Corina tend à l’archéologue l’une des deux ceintures anti-grav qu’elle a bricolées, et elles grimpent toutes les deux jusqu’en haut.
Plus elles montent, et plus les ceintures ont des ratés. Guère rassurées, elles parviennent heureusement saines et sauves en dessous du menton de l’un des visages. A environ quinze mètres de haut.
A tâtons, elles commencent à chercher un mécanisme ou un passage secret, tout en jetant des coups d’œil aux alentours. Mais elle ne détecte aucune âme qui vive.
Finalement, alors qu’elles palpent le troisième visage (celui tourné étrangement vers le sud-ouest, en direction du volcan ! Curieuse coïncidence ?), la mâchoire de celui-ci s’abaisse en révélant une ouverture. Corina s’y glisse, car seule une personne allongée peut y tenir ( !), et elle découvre au fond de la gorge que le tunnel descend à la verticale.
Elle demande à Félicia de la rejoindre et cette dernière se glisse dans l’ouverture à son tour.
Au moment où ses pieds quittent le rebord de la mâchoire, celle-ci se referme derrière elles, les abandonnant dans une obscurité totale …
… jusqu’à ce que Félicia allume la torche de son casque d’archéologue !
Elles descendent alors dans le tunnel vertical en s’aidant des mains et des pieds. Les parois sont craquelées, érodées, fissurées.
Au bout d’environ vingt-cinq mètres, elles touchent finalement le sol. Beaucoup de poussière vient se fixer électro statiquement sur leurs équipements, lesquels commencent à s’oxyder à vitesse grand V !
Le puits mène dans une galerie rectiligne : trois mètres de haut par trois mètres de large.
Corina récupère les deux ceintures et les range dans leur protection plastique. Puis, réussissant à s’orienter grâce à la boussole que l’archéologue trouve dans ses affaires, elles prennent la direction de droite. Vers le sud.
Elles marchent … et marchent encore, encore, encore … elles continuent de marcher ainsi pendant de longues heures dans cette galerie souterraine rectiligne, semblant se prolonger à l’infini. Elles ne croisent absolument aucun couloir adjacent, et elles commencent à fatiguer.