Musée de l'art prohibé

 

Lors de l'édition 2018 de l’ARCO, la foire d'art contemporain de Madrid, le collectionneur Tatxo Benet a acquis une œuvre de l'artiste Santiago Sierra, intitulée Presos Políticos en la España Contemporánea (Prisonniers politiques dans l'Espagne contemporaine).

Peu de temps après son acquisition, la galerie qui avait vendu l'œuvre l'a retirée de son stand.

Le simple fait de parler de "prisonniers politiques" a déclenché sa censure.

Quelqu'un a décidé que les participants à cette édition de l'ARCO ne devaient pas voir l'œuvre de Santiago Sierra.

Cet incident a jeté les bases de la conception d'une collection distinctive.

Cinq ans plus tard, l'accumulation d'œuvres soumises à la censure, à l'annulation ou à diverses formes d'attaques a donné naissance au Museu de l'Art Prohibit.

Ouvert au public depuis le 26 octobre, ce musée expose 42 œuvres, qui ont fait l'objet d'une forme de censure ou d'une dénonciation pour des motifs divers, choisies parmi la collection de 200 œuvres que l'homme d'affaires catalan Tatxo Benet a acquis depuis cinq ans.

La collection comprend un large éventail d'œuvres d'art, notamment des peintures, des sculptures, des gravures, des photographies, des installations et des pièces audiovisuelles, créées en grande partie au cours de la seconde moitié du XXème siècle et tout au long du XXIème siècle.

Pour inaugurer le Museu de l'Art Prohibit, la Casa Garriga Nogués rouvre ses portes au cœur du quartier de l'Eixample à Barcelone.

Les espaces de ce bâtiment, construit par Enric Sagnier i Villavecchia entre 1899 et 1901, favorisent un sentiment d'intimité peu commun dans les musées.

La mission du musée est de nous redonner la possibilité de contempler des œuvres d'art qui ont été retirées de l'exposition publique et de respirer leur présence.

Sur 2.000 mètres carrés, le musée propose un parcours évoquant à la fois l'essence scandaleuse de la collection exposée et ses facettes ironique, contemplative, incisive, libératrice, critique et puissante.

Les outils numériques intégrés à la visite enrichissent le parcours du visiteur, une expérience qui s'étend au-delà des murs de la galerie, l'invitant à se plonger dans les cas de censure comme s'il traversait un musée virtuel.